Pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, les voyageurs français et italiens qui visitèrent la Laponie et la Finlande s'intéressèrent surtout aux anciennes pratiques religieuses et au système de croyances qu'on définit d'habitude par chamanisme, qui fonde son existence sur le lien entre trois sphères : le monde terrestre peuplé par les hommes, le monde souterrain des morts et le monde céleste des divinités. Cette communication s'effectue grâce à un opérateur du sacré, le chaman, qui se déplace à travers les différents univers après avoir sombré dans un état de transe.
Au cours des siècles, la transe a été vue et jugée selon l'esprit du temps : les savants et les voyageurs du XVIIe siècle voyaient ce phénomène comme une possession diabolique et parlaient d'une présence maléfique qui empêchait le chaman de se conduire rationnellement ; au XVIIIe siècle, les voyageurs ne croyaient pas à une présence surnaturelle, mais ils pensaient simplement que le chaman s'endormait sous l'effet de l'alcool qu'il avait bu. La conception négative du chaman-imposteur, qui dort et trompe les fidèles crédules, se limita à l'Âge des Lumières, alors qu'au cours du XIXe siècle positiviste, on trouve des voyageurs qui tentèrent de définir la transe selon un point de vue scientifique (par exemple, comme un sommeil magnétique, une extase, une syncope ou une crise épileptique).
La conférence veut analyser en premier lieu le monde qui tourne autour du chaman : la transe, le tambour et les animaux sacrés qui lui permettent de se mettre en contact avec les mondes surnaturels. En second lieu, on tracera un panorama des croyances religieuses lapones et finnoises, vues à travers les yeux des voyageurs entre les XVIIe et XIXe siècles : divinités, idoles, mythologie cosmogonique, rituels funéraires, etc.
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