Durant les deux dernières décennies du XIXe siècle, le paysage artistique suédois a connu d'importantes évolutions : ces années ont en particulier été marquées par l'émergence d'un groupe d'artistes formé à Paris, la Konstnärsförbundet (« Fédération des artistes »), aux dépends de l'Académie des Beaux-Arts de Stockholm. En 1889, à l'occasion de l'exposition universelle de Paris, la Konstnärsförbundet organise la section suédoise sans l'aide du gouvernement suédois. Elle remporte alors un important succès que le critique et historien de l'art suédois Georg Nordensvan considère en 1892 comme étant « la plus grande victoire de la Konstnärsförbundet ». Cette section, suite à son succès, a eu d'importantes répercussions mais n'a jusqu'ici pas fait l'objet d'une étude spécifique. Cette communication vise à combler cette lacune en s'intéressant en particulier à la réception critique, tant dans la presse suédoise que française, de la section suédoise de l'exposition universelle de 1889.

Le succès de la section artistique suédoise à l'exposition universelle de 1889 a été remarquable : dans la presse française, l'intérêt encore récent des critiques pour les artistes scandinaves prend sa pleine dimension en 1889. Dans la presse suédoise, les artistes de la Konstnärsförbundet sont d'abord perçus comme les sauveurs de la section que le gouvernement suédois a refusé d'organiser, puis comme les rénovateurs de l'art suédois. En une exposition, la Konstnärsförbundet est ainsi parvenue à assurer le succès de ses membres à la fois en France et en Suède. Ce succès contraste fortement avec les réceptions critiques très mitigées des sections artistiques suédoises organisées par l'Académie de Stockholm lors des expositions universelles précédentes.

L'exposition universelle de 1889 a ainsi eu un impact décisif, les artistes de la Konstnärsförbundet sont devenus, suite à leur succès à Paris, les figures de proue de l'art suédois durant la décennie suivante.