Le poème eddique Reginsmál n'est pas le texte qui a le plus fasciné la recherche. En effet, il a été visiblement remanié ; dès le début du XXème siècle, les chercheurs ont considéré qu'il provenait de l'imbrication de plusieurs poèmes antérieurs. Ce poème tel qu'il nous est parvenu dans le Codex Regius a pour particularité d'être composé de deux types de strophes : ljóðaháttr et fornyrðislag, les deux vers eddiques les plus courants, généralement utilisés dans des contextes différents. Cependant, la Völsunga saga et le Nornagests Þáttr attestent bien que le poème a circulé sous cette forme composite au XIIIème siècle, et donc que son agencement spécifique avait une valeur intrinsèque pour son audience. Dans cette présentation, je me propose d‘interroger les logiques qui sous-tendent la répartition des types de vers. Ce présupposé – à savoir que cette forme était voulue – pose également certaines questions quant à la pratique de l‘art poétique au XIIIème siècle, aux rapports entre l‘écrit et l‘oral, ainsi qu‘à la manière d‘aborder les autres poèmes composites de notre connaissance, notamment les Hávamál.
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